
L’association La cause des enfants a organisé, en novembre 2018, un colloque sur le thème « Séparation conflictuelle, lieu d’une mise en danger de l’enfant ? ». (©Eure Infos / La Dépêche)
Dans le cadre de la journée internationale pour l’élimination des violences faite aux femmes, l’association La Cause des Enfants a organisé, en novembre 2018 à Évreux (Eure) un colloque sur le thème : « Séparation conflictuelle, lieu d’une mise en danger de l’enfant ? »
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La société prend conscience du problème
En préambule, le substitut du procureur, Mme Renard, a rappelé les vertus de la loi du 3 août 2018 :
Elle favorise une meilleure prise en charge des personnes vulnérables, notamment les enfants témoins de violences intrafamiliales. Après une longue période d’ignorance, la société prend, enfin, conscience du problème.
En effet, selon les spécialistes et psychothérapeutes, ces violences ont un impact dévastateur, dans la mesure où elles génèrent de véritables troubles neurologiques et du développement.
Mais aujourd’hui, la réponse pénale est à hauteur des enjeux. Et le procureur d’Évreux en fait une priorité.
Idem pour l’attention portée aux femmes victimes de violences. « Même si la parole se libère et les dépôts de plaintes sont plus nombreux, il faut inverser les tendances. Car les chiffres peinent à diminuer ». L’an dernier, dans l’Hexagone, on a recensé 94 000 viols et 1 personne décédée, tous les trois jours, sous les coups de son conjoint.
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Guerre psychologique
Devant un parterre d’infirmières, d’assistantes sociales, de directrices de crèche et d’enquêteurs, le psychothérapeute Jean-Luc Tournier a débattu, non sans humour malgré la douleur du sujet, de l’enfant exposé à la violence conjugale. Une problématique qui a nourri l’écriture d’un premier essai.
« Bien sûr que c’est un thème sensible, à tel point que ce monde sort de nos formations et de nos cadres habituels » convient l’intéressé qui décrit des processus parallèles : humiliation, aliénation, harcèlement. Mais pas besoin d’entrer dans la phase dure – les coups portés – pour décrypter le phénomène.
Quand la violence n’est pas physique ou sexuelle, elle peut être psychologique. Ainsi, le processus de séparation amène le parent à exclure l’autre de son champ. Et pour ce faire, il entraîne l’enfant dans sa tentative d’éviction.
Le «principe» vaut aussi bien pour l’homme que pour la femme dans la mesure où cette dernière a créé une intimité profonde avec sa progéniture. « Vu de l’extérieur, on voit une famille dite traditionnelle. Mais à l’intérieur, elle est monoparentale avec une guerre d’influence dont l’enfant est l’objet, voire l’otage. »
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« Facile de programmer un enfant »
Pour Jean-Luc Tournier, l’utilisation de l’enfant constitue un morceau de choix. Car vis-à-vis de son conjoint, le parent raisonnerait de la sorte :
Je vais faire en sorte que tu aies aussi mal que moi. Mais pour te toucher, je vais toucher les gosses. Mais c’est tellement facile de programmer un petit : en huit jours, on peut le «retourner», a fortiori s’il a moins de 7 ans.
Car selon notre psychothérapeute, l’adulte entraîne son petit dans la confusion, en mettant la réalité à l’envers. « À partir du moment où son père, ou sa mère, le sacrifie, l’enfant, lui, se trouve dans la logique opposée : « Mes parents se sacrifient pour moi ! »
Au final, ballotté entre deux oppositions, nos chères têtes blondes peuvent devenir des ennemis dangereux, « avec un regard apeuré et haineux ». Sans oublier les séquelles émotionnelles…