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Val-d'Oise. Éragny-sur-Oise : le Théâtre de l'Usine ou le jeu de l'anticonformisme

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Hubert Jappelle, fondateur et directeur du Théâtre de l'Usine.

Hubert Jappelle, fondateur et directeur du Théâtre de l’Usine.

« Le conformisme est une misérable maladie […] parce qu’elle empêche d’exister. » Cette remarque de Marguerite Yourcenar définit un peu l’esprit du Théâtre de l’Usine. Aménagé dans une ancienne usine à papier d’Éragny-sur-Oise (Val-d’Oise) il y a quarante ans, le Théâtre de l’Usine s’est toujours illustré comme un lieu de création. « Un laboratoire », « un atelier de recherche » selon les mots de son fondateur, Hubert Jappelle. Pour autant, l’œuvre n’y est jamais dénaturée, au contraire.

Usine à papier

Metteur en scène, comédien et marionnettiste internationalement reconnu, Hubert Jappelle a toujours eu le souci du devoir de mémoire et de transmission. C’est dans les années 1960 au Festival d’Avignon qu’il découvre les pièces du Théâtre national populaire de Jean Vilar.

Hubert Jappelle tombe sous le charme de cette façon d’interpréter et de jouer « avec ferveur, passion, simplicité, sincérité et sans snobisme » et veut lui aussi défendre ce théâtre transmettant fidèlement l’œuvre.

Le respect de l’œuvre n’empêche pas le renouvellement et l’originalité artistique. Le travail de recherches autour de la marionnette pour lequel s’est fait repérer Hubert Jappelle en 1968 et la programmation du Théâtre de l’Usine le prouvent bien. 

Si je n’avais pas eu de culture esthétique ni de pratique artistique et que je ne m’étais pas ennuyé copieusement lors d’un spectacle, je n’aurais sûrement pas eu l’idée de substituer la marionnette aux acteurs », relève-t-il.

Beckett, Molière, Kafka, Strindberg, Gogol… Hubert Jappelle a été précurseur dans la création de spectacles de marionnettes pour adultes. Avec sa troupe, il est invité dans les années 1970 à contribuer au développement de la toute jeune Scène Nationale de Cergy-Pontoise et s’installe à Éragny.

À l’époque, il n’y avait pas de Rer ! », se rappelle-t-il.

« Je me régale »

Dans ce qui n’est encore qu’un hangar sommairement réhabilité par l’agglomération, Hubert Jappelle trouve le lieu de stockage dont il a besoin et reprend le travail de l’acteur, celui des marionnettes étant trop pointu.

Avec le Théâtre de l’Usine, j’ai voulu atteindre les gens du coin avec des pièces accessibles sans aucune concession, souligne-t-il. J’ai donné des cours à la classe d’art dramatique du Conservatoire de Cergy à l’Usine, c’était une sorte de laboratoire pour moi. »

Le laboratoire a donné naissance à une troupe aujourd’hui composée en majorité de ses élèves de la première heure comme Hélène Guichard, Christophe Hardy ou encore Alain Gueneau. Certains d’entre eux reviennent sur les planches douze ans après interpréter L’École des Femmes jusqu’au 17 février. « Ici, on se connait, j’ai vu presque toutes les pièces et parfois même plusieurs fois. J’ai toujours soutenu cette compagnie », témoigne Simone Morlon, Éragnienne depuis 43 ans.

Tout comme ses pièces, les affiches du Théâtre de l’Usine sont reconnaissables parmi toutes. Peut-être parce qu’il s’agit du trait de son fondateur formé au départ au dessin. Et ce n’est pas demain la veille qu’Hubert Jappelle arrêtera de s’investir dans le théâtre.

Je me régale, dit-il. J’ai l’impression d’apprendre encore et toujours. C’est une manière pour moi de militer contre le conformisme d’un modernisme contemporain qui a dépassé tous les seuils de l’idiotie humaine et qui est bien significative, hélas, de notre temps. »

B.N.


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