
Arnaud Mercier devrait, à nouveau, être jugé devant la cour d’assises à la suite de dépositions de nouvelles victimes.
Des baisers, des massages qui virent aux caresses, mais aussi des attouchements… Durant des années, Arnaud Mercier avait joué de son emprise sur ses jeunes athlètes pour abuser d’elles. Se glissant dans leurs chambres lors de stages où à ses domiciles de Soisy-sous-Montmorency puis d’Herblay (Val-d’Oise), où il avait pris l’habitude d’héberger les futures stars.
Des faits que l’ancien entraîneur, qui dirigeait le pôle France de roller artistique au Cdfas d’Eaubonne, a fini par reconnaître face à la cour d’assises du Val-d’Oise qui l’a condamné, samedi 15 décembre, après six jours d’audience, à treize ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur mineures de 15 ans.
Les jurés n’auront donc pas suivi l’avocat général qui avait requis la peine maximale, soit 20 ans de réclusion criminelle. La cour a également décidé d’interdire définitivement l’homme de 42 ans d’exercer une activité impliquant des contacts avec les mineurs et prononcé une obligation de soins.
Violée à 13 ans, abusée à 8-9 ans
Des victimes, il en a sans doute fait « beaucoup » au cours des années 2000, a reconnu lui-même Arnaud Mercier, vendredi, face aux jurés. Il y avait déjà C. et Ludivine, deux de ses anciennes patineuses, 21 ans aujourd’hui et parties civiles dans le dossier.
C. était à l’origine des premiers soupçons portés sur son ex-entraîneur après s’être confiée à une psychologue du pôle espoirs d’athlétisme d’Île-de-France à l’âge de 14 ans. Elle avait alors décrit un mode opératoire bien précis : des massages qui donnent ensuite lieu à des « bisous ». L’athlète ayant également évoqué des gestes déplacés d’Arnaud Mercier affirmant que cela a commencé alors qu’elle n’était âgée que de 8-9 ans. Son témoignage avait donné lieu à l’ouverture d’une enquête qui avait conduit, en 2013, le parquet de Pontoise à interdire au directeur des équipes de France de roller artistique d’exercer toute fonction auprès de mineurs.
Deux ans plus tard, c’est au tour de Ludivine, autre patineuse, « sa favorite », d’accuser l’ex-entraîneur, chez lequel elle était partie vivre à 11 ans pour se perfectionner. Il lui aurait ainsi imposé une première relation sexuelle le jour de son treizième anniversaire. Les viols étaient ensuite devenus quotidiens. Arnaud Mercier l’avait également obligée à avoir des relations à trois avec d’autres hommes.
Pas un pervers narcissique mais un adolescentophile
Des actes « pour répondre au fantasme » de l’adolescente, a assuré l’accusé lors de son expertise psychiatrique. Celle-ci avait conclu qu’Arnaud Mercier n’était pas un pervers narcissique mais un adolescentophile.
Il est plus à l’aise avec les adolescentes qu’avec les femmes adultes qui lui semblaient plus mâtures que lui. Il explique ainsi qu’il était tombé amoureux de Ludivine. »
L’ancien entraîneur a d’ailleurs toujours déclaré qu’il s’était mis en couple avec l’adolescente. S’il a reconnu à l’audience avoir agressé sexuellement C. depuis l’âge de 9 ans, et Ludivine, depuis ses 12 ans, il a toutefois contesté avoir violé les deux jeunes filles.
Un nouveau procès à venir
L’accusé a ainsi été acquitté des faits de viol sur Ludivine après ses 15 ans, à Herblay-sur-Seine et en Belgique, le condamnant toutefois pour atteintes sexuelles et corruption de mineures.
Pour autant, Arnaud Mercier n’en a pas encore fini avec la justice. Durant une semaine, l’ancien entraîneur a été confronté aux témoignages de plusieurs autres patineuses, l’accusant à leur tour de viols. Des victimes comme A. qui n’a « pas encore porté plainte », n’ayant toujours pas trouvé la force de raconter ce qu’elle a vécu à ses parents. Des dépositions qui devraient mener à un nouveau procès devant la cour d’assises alors qu’au cours de l’audience, Arnaud Mercier a reconnu que ces déclarations étaient vraies.